Présentation générale [es]

• Des relations politiques d’excellence incarnées entre autres par de nombreuses visites officielles de haut niveau.

La France et l’Espagne entretiennent une relation exceptionnellement forte, caractérisée par des liens empreints d’une grande confiance : la coopération en matière de lutte contre le terrorisme, les relations économiques et commerciales, les échanges humains, scientifiques et culturels sont autant de points forts de notre relation. L’axe européen est également stratégique puisqu’il a favorisé les échanges et les projets communs ; par ailleurs, Français et Espagnols partagent de nombreux intérêts et une vision commune de l’avenir de l’Union européenne qui les placent à l’avant-garde sur les dossiers européens, comme, dernièrement, sur le fonds de relance européen en réponse à l’épidémie de Covid-19.

Cette relation forte et intense se traduit aussi par la tenue régulière de visites de haut niveau et de sommets bilatéraux. Le dernier Sommet, le 19 janvier 2023 à Barcelone, a été l’occasion pour le président de la République et le président du gouvernement espagnol, de signer le premier traité d’amitié entre la France et l’Espagne, appelé à structurer la très riche coopération que les deux pays entretiennent. 37 ans après l’adhésion de l’Espagne à la Communauté européenne et à mi-chemin entre les deux présidences, française et espagnole, du Conseil de l’Union, une meilleure coordination des deux positions permettra de tracer un « chemin franco-espagnol », fondé sur une communauté de pensée et de valeurs forte, et une action commune pour la promouvoir vis-à-vis de nos partenaires et des institutions européennes. Le traité acte, pour chaque domaine, des objectifs européens et internationaux communs, leur déclinaison bilatérale et un cadre de suivi et de consultation.
Le précédent Sommet bilatéral s’était tenu le 15 mars 2021 à Montauban, ville où est enterré le dernier président de la deuxième république espagnole, Manuel Azaña. Le président de la République Emmanuel Macron et le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez ont signé, à cette occasion, un accord sur la double nationalité. Les 26 ministres participants au sommet se sont associés aux travaux par visioconférence. Auparavant, le 26 juillet 2018, le Président de la République Emmanuel Macron a été reçu par le Roi d’Espagne, Felipe VI, et par le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, pour évoquer les principaux sujets bilatéraux et européens. On relèvera également la visite d’Etat du couple royal à Paris en 2015, à l’occasion de laquelle le Roi Felipe VI s’est exprimé devant l’Assemblée nationale. Les visites ministérielles permettant aux administrations françaises et espagnoles de travailler ensemble sont également nombreuses et régulières, dans tous les domaines. Elles sont à la fois le reflet et le moteur de cette relation bilatérale de confiance entre nos deux pays.

• Concertation européenne

L’amitié et la coopération étroite entre la France et l’Espagne prennent leur pleine signification dans, par et pour l’Europe. Leurs positions convergentes contribuent fondamentalement à la construction d’une Europe démocratique, unie, souveraine et prospère, qui place la solidarité au coeur de son action. L’agenda que portera la
présidence espagnole du Conseil de l’Union européenne au second semestre 2023 en sera la démonstration, dans ce qu’il accordera une place centrale à la Méditerranée et au voisinage sud, à l’approfondissement de l’agenda social et de son modèle économique, mais aussi à la construction d’une Europe plus souveraine.
Le traité d’amitié réhausse l’ambition de ce partenariat, en systématisant encore davantage les consultations entre les deux pays, et en établissant pour ce faire des rendez-vous réguliers.

• Une relation économique bilatérale privilégiée et historiquement forte

La France est le premier partenaire commercial espagnol. L’Espagne est le 4ème client et 5ème fournisseur de la France. Les échanges bilatéraux de biens entre la France et l’Espagne ont atteint un chiffre record de 78,2 milliards d’euros en 2021.

La France et l’Espagne restent des partenaires privilégiés en termes ’investissements croisés : la France est le 4ème investisseur en Espagne (77,3 milliards d’euros ; soit 10,6 % du stock d’IDE selon la Banque d’Espagne) et l’Espagne est le 8ème investisseur en France en 2021 (30,2 milliards d’euros ; 3,6 % du stock selon la Banque de France).

Les investissements français génèrent 380 000 emplois en Espagne. On dénombre en Espagne environ 2 900 filiales contrôlées par des entreprises françaises. Plus de la moitié des filiales françaises en Espagne se situent dans la Communauté de Madrid et en Catalogne (plus de 1 300 à Madrid et plus de 700 en Catalogne), alors qu’une centaine d’entre elles sont implantées au Pays Basque.

Les filiales françaises sont notamment présentes dans le secteur des services (60% des filiales françaises en Espagne), notamment dans ceux de la grande distribution et des télécommunications, mais aussi dans le secteur manufacturier, automobile en particulier (50% du chiffre d’affaires total de ces filiales).

• Coopération dans le domaine de l’énergie

Une nouvelle interconnexion énergétique, dédiée au transport d’hydrogène, sera lancée entre Barcelone et Marseille (projet H2Med), comme décidé lors de la rencontre trilatérale du 20 octobre 2022 entre le Président de la République, le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, et le Premier ministre portugais, Antonio Costa. Cet engagement en faveur du projet H2Med a été
concrétisé en marge du Sommet UE-MED d’Alicante du 9 décembre 2022, entre les trois chefs d’Etat et de gouvernement, avec la participation de la présidente de la Commission européenne.

Il vient compléter le réseau déjà indispensable d’interconnexions énergétiques entre la France et l’Espagne, qui est également en cours de renforcement dans sa dimension électrique, notamment dans le Golfe de Gascogne.

• Liens humains

Au 2 janvier 2023, le nombre de compatriotes inscrits en Espagne au Registre Mondial des Français de l’Etranger s’établit à 82 462, ce qui ferait de la communauté française d’Espagne la 7ème plus importante au monde. En comptant les ressortissants non-inscrits au registre consulaire, cette communauté est estimée à plus de 200.000 personnes. La communauté espagnole en France est quant
à elle estimée à 290 033 ressortissants.

La ville de Barcelone accueille une part importante de la communauté française en Espagne : 25 000 personnes inscrites sur le registre, pour un total de résidents français estimé à 50 000.

Par ailleurs, près de 10 millions de touristes français se sont rendus en Espagne en 2022, et 6.3 millions d’Espagnols en France. L’Espagne reste ainsi la première destination touristique des Français, et la France la première destination touristique des Espagnols.

Enfin, le sommet franco-espagnol de Montauban du 15 mars 2021 avait vu la signature d’une convention sur la double nationalité, entrée en vigueur le 1er avril 2022.

• Coopération culturelle, éducative universitaire et de recherche

L’Espagne est le premier réseau d’établissements d’enseignement français à l’étranger en Europe, et le 3ème dans le monde.

Le réseau des établissements d’enseignement homologués par le ministère de l’Education nationale en Espagne compte 23 établissements où sont scolarisés 21 500 élèves, dont 40% sont de nationalité française. Le réseau compte trois établissements en gestion directe de l’AEFE (Madrid, Barcelone et Valence), six établissements conventionnés, et treize établissements partenaires de l’AEFE. Dix
établissements relèvent de la Mission laïque française.

Le réseau de coopération et d’action culturelle français, dense en Espagne, est notamment constitué de l’Institut français d’Espagne et ses antennes (Barcelone, Bilbao, Madrid, Saragosse, Séville et Valence) ainsi que de dix-neuf Alliances françaises.

1,447 million d’Espagnols apprennent le français en Espagne, qui est donc la 2ème langue vivante la plus apprise au sein du système scolaire (26 % des élèves du primaire au bachillerato). Le développement du français s’appuie sur un large réseau de filières bilingues : 120 sections Bachibac délivrent le double diplôme du baccalauréat et du bachillerato (accord bilatéral signé en 2008) ; et le premier réseau au monde d’établissements (115) ayant obtenu le LabelFrancEducation, label d’excellence délivré par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères.

L’Espagne est également le premier pays étranger en termes de passation des certifications de langue française (DELF-DALF, diplômes délivrés par le ministère de l’Education nationale et de la jeunesse) : 35 455 diplômes passés en 2021. La coopération en matière d’éducation est intense que ce soit dans le domaine de la formation des enseignants, de la mobilité des élèves et des enseignants ou de la
formation professionnelle.

La coopération universitaire est, par ailleurs, très dynamique entre les deux pays, avec plus de 3 000 conventions interuniversitaires, plus de 220 formations doubles-diplômantes et 25 Universités européennes incluant des établissements d’enseignement supérieur français et espagnols. La France est la 2ème destination des étudiants espagnols en mobilité diplômante en Europe, et l’Espagne la 5ème
destination des étudiants français. Dans le cadre du programme de mobilité Erasmus+, l’Espagne est le 1er pays d’accueil des étudiants français et occupe le 4ème rang des pays d’origine des étudiants Erasmus + en France.

La coopération scientifique entre les deux pays repose sur des accords-cadres bilatéraux, liant les grands organismes de recherche français à leurs homologues espagnols (CNRS/CSIC ; CEA/CIEMAT ; CNES/CDTI). En termes de co-publications internationales, la France est le 5ème partenaire scientifique de l’Espagne dans le monde, et le 4ème dans l’espace européen de la recherche. L’Espagne est le 5ème
partenaire de la France à l’échelle mondiale, et le 4ème européen.

Dans le domaine des sciences humaines et sociales, la Casa de Velázquez (sise à Madrid) est à la fois centre de recherche (avec des chercheurs issus de disciplines variées des sciences humaines et sociales : archéologie, histoire, géographie, sciences politiques, etc.) et centre de création artistique, membre du réseau des Écoles françaises à l’étranger, sous la tutelle du Ministère de l’enseignement
supérieur et de la recherche.

• Coopération en matière policière et judiciaire

La coopération policière et judiciaire, et notamment la lutte contre le terrorisme, historiquement centrée sur la lutte contre l’ETA, est aujourd’hui largement consacrée à la lutte contre le terrorisme islamiste et les formes graves de criminalité organisée, au premier rang desquelles le trafic international de produits stupéfiants, la traite des êtres humains ou encore la grande délinquance financière. Cette coopération continue de donner de très bons résultats opérationnels, en bilatéral comme en multilatéral, notamment dans un cadre européen.

L’intensité, le volume et la qualité de cette coopération trouvent leur traduction institutionnelle et opérationnelle dans la création de groupes bilatéraux thématiques (GLAD, GLAT, Groupe anticorruption). Plus récemment la volonté de développer la coopération judiciaire en matière civile a justifié la création d’un groupe bilatéral dans ce domaine également.

Avec plus de 676 tonnes de résine de cannabis saisies en Espagne en 2021 et provenant du Maroc, l’Espagne reste la première porte d’entrée en France de cette drogue.

De même, avec plus de 41 000 migrants irréguliers interceptés en 2021 en Espagne, dont une large majorité souhaitait rejoindre le France, l’Espagne est, avec l’Italie, la principale porte d’entrée en France de l’immigration irrégulière venant d’Afrique.

Cette coopération se développe également dans des domaines nouveaux comme la cybercriminalité ou la criminalité environnementale.

• Coopération en matière de défense

Fondée sur des relations anciennes et une grande convergence de vues sur le plan stratégique, la coopération de défense est particulièrement dense. Elle se caractérise par un dialogue permanent sur les enjeux de défense, notamment ceux qui concernent l’UE et l’OTAN ; des déploiements opérationnels communs ; une attention partagée pour les menaces sur le flanc sud du continent ; une volonté commune de faire progresser la base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE). Les réseaux d’échange et de liaison de part et d’autre sont très développés et animent des plans de coopération comprenant plusieurs centaines d’actions annuelles (formation, entraînement, expertise...). La France est le premier partenaire de l’Espagne en volume de coopération militaire et l’Espagne est notre premier partenaire en nombre d’escales et de survols.

La France et l’Espagne sont en outre résolument engagés, aux côtés de l’Allemagne, dans l’ambitieux projet de système de combat aérien du futur (SCAF). Ce programme, qui symbolise le choix de la souveraineté européenne, a vocation à constituer le coeur des systèmes de combats aériens futurs nationaux et à englober l’ensemble du spectre des missions de combat aérien. Il a fait au mois de
novembre dernier l’objet d’un accord entre les industriels impliqués.

• Enfin, il convient de ne pas oublier l’importance et la richesse de la coopération transfrontalière.

En matière de coopération transfrontalière, les interconnexions transpyrénéennes sont des enjeux prioritaires pour la France et l’Espagne comme le montrent les nombreux projets réalisés ces dernières années : infrastructures ferroviaires (LGV Perpignan-Barcelone), interconnexions électriques (ligne entre Baixas et Santa Llogaia doublant les capacités électriques et inaugurée le 20 février 2015, projet de ligne sous-marine dans le Golfe de Gascogne, qui a reçu un financement européen de 578M€ en janvier 2018, soit le plus important soutien financier européen jamais accordé à une infrastructure énergétique), interconnexions gazières (grâce à la mise en service fin 2015 du gazoduc « Artère de l’Adour » à l’ouest des Pyrénées, les capacités d’échanges atteignent ainsi 225 GWh/j, soit l’équivalent de 20% de la consommation française ou de 27% de la consommation espagnole). Nos deux pays ont réaffirmé lors du dernier sommet qui s’est tenu à Lisbonne le 27 juillet 2018, leur engagement pour le renforcement de l’Union européenne de l’énergie, soulignant le rôle stratégique de ces interconnexions pour améliorer le fonctionnement du marché intérieur et contribuer à la décarbonation de nos économies.

La coopération au niveau local est portée par l’ensemble des services de l’ambassade ainsi que les consulats généraux de France en Espagne et les consuls honoraires. Ils permettent de lancer et de faire aboutir des projets de coopération et d’aider à la présence française dans toute l’Espagne.

Un exemple concret de coopération transfrontalière est l’hôpital de Puigcerda, le premier hôpital transfrontalier d’Europe. Cet établissement, qui a vu le jour en 2010, est situé sur le territoire espagnol : il a été construit et il est géré par la France et l’Espagne, pour fournir des services indifféremment aux Français comme aux Espagnols.

Le Président de la République, en Espagne le 26 juillet 2018 - rencontre avec le chef du Gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, au Palais de la Moncloa

Pool Moncloa / Fernando Calvo