Présentation de la Saison culturelle de l’Institut Français d’Espagne (28 mars 2023) [es]

La saison culturelle "Scènes françaises" de l’Institut français d’Espagne a été inaugurée le mardi 28 février 2023, lors d’une cérémonie organisée à la Résidence de France à Madrid, en présence du metteur en scène Albert Serra, en tant que parrain.

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De izquierda a derecha : Albert Serra, Jean-Michel Casa, Éric Tallon

L’ambassadeur de France, Jean-Michel Casa, a présenté l’événement, inaugurant officiellement la Saison culturelle de l’Institut français d’Espagne pour l’année 2023, "Scènes françaises".

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Jean-Michel Casa, Embajador de Francia en España

L’ambassadeur a déclaré que "l’année 2023 était une année particulièrement importante pour la relation bilatérale franco-espagnole" et qu’il était donc "naturel que pour sa nouvelle édition, la saison culturelle de l’Institut français "Scènes françaises" tourne autour de l’exceptionnelle relation d’amitié qui existe entre nos deux pays".

Il a fait une référence spéciale au "Traité de Barcelone, signé lors du 27ème sommet franco-espagnol, qui s’est tenu le 19 janvier 2023. Ce traité souligne la consistance et la confiance exceptionnelles qui caractérisent le dialogue entre nos deux pays et notre volonté de construire ensemble une Europe de plus en plus forte. Dans le domaine culturel, de nombreux projets vont voir le jour dans les prochaines années : appui aux co-productions, développement de programmes de résidence, renforcement de la coopération dans le domaine des industries culturelles et créatives…"

Il a également évoqué le 50ème anniversaire de la mort de Pablo Picasso, décédé le 8 avril 1973 à Mougins, dans le sud de la France : "Comme vous le savez, cette célébration Picasso a été inaugurée le 12 septembre par le Roi, le président du gouvernement et les ministres de la Culture des deux pays. Cela démontre l’importance de cet événement qui honore l’oeuvre de celui qui est probablement l’artiste le plus emblématique de cette relation exceptionnelle entre la France et l’Espagne. La Célébration Picasso est l’occasion de multiples hommages et commémorations conjointes qui donnent lieu à un programme impressionnant d’expositions."

Il a enfin rappelé que 2023 serait aussi l’année au cours de laquelle l’Espagne allait assumer la présidence du Conseil de l’Union européenne, au second semestre. "Comme ce fut le cas l’année dernière, pendant la présidence française du Conseil de l’UE, nos deux pays auront l’occasion de défendre ensemble l’ambition du projet européen et ses valeurs, auxquels ils sont viscéralement attachés, spécialement en ces temps douloureux où la guerre revient faire des ravages en Europe."

"C’est dans ce contexte que "Scènes françaises" a été conçu, afin de mettre en relief l’étroite collaboration qui existe entre les institutions culturelles de nos deux pays."

"Dans ce même but, "Scènes françaises" met cette année en valeur la création contemporaine française dans toute sa diversité et affirme une volonté de développer des collaborations concrètes et innovantes", a-t-il poursuivi.

Il a ensuite évoqué certains des événements de "Scènes françaises" 2023. "Pour la première fois à l’étranger, sont accueillis les douze gagnants de la Bourse Révélations Emerige, fondation dont le soutien constant aux jeunes artistes de la scène contemporaine française suscite notre admiration. Le cinéma occupe encore une place de choix avec le retour de "Francia está en pantalla", destiné à appuyer les distributeurs espagnols de films français, et avec l’organisation de rencontres professionnelles franco-espagnoles. A la suite des arts visuels et de la musique de l’an dernier, la lutte des femmes pour que leur place dans le secteur cinématographique, audiovisuel et des jeux vidéos soit pleinement reconnue, fera aussi l’objet d’une série de débats dans toute l’Espagne en 2023. Si les artistes sont au centre de notre projet culturel, "Scènes françaises" aborde également de grands thèmes d’actualité, spécialement par l’organisation de la Nuit des Idées, au Cercle des Beaux Arts le 27 avril, l’invitation de nombreux intellectuels et scientifiques, ou l’organisation d’événements autour du sport, en cette année de la Coupe du monde de rugby en France et à moins d’un an des Jeux olympiques de Paris 2024."

Pour conclure, il s’est adressé à Albert Serra, "un vrai amateur et connaisseur de la France, qui nous honore en acceptant d’être le parrain de l’édition 2023". "Ceci me touche profondément, c’est un artiste spécialement respecté et reconnu en France, comme le montre le prestige de son immense talent dans notre pays. Ceci lui a valu d’être sélectionné en compétition au Festival de Cannes, le prix Louis-Delluc 2022 ou la double récompense de "Pacifiction" aux César – César au meilleur acteur, attribué à Benoit Magimel et César à la meilleure photographie. Quiconque a vu ce film sait qu’il s’agit de prix spécialement mérités. Il est également un pomoteur illustré de la langue française : je ne peux que me réjouir que des films aussi brillants, comme les plus récents "La mort de Louis XIV", "Liberté" ou "Pacifiction : Tourment sur les îles" aient été conçus et tournés dans notre langue. C’est également un des symboles du succès des co-productions franco-espagnoles."

L’ambassadeur a cédé la parole à Albert Serra.

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"A mon tour, je vous remercie pour l’honneur qui m’est fait d’être ici aujourd’hui avec vous. Ma relation avec la France vient de loin. Je n’ai pas la prétention de vouloir me comparer à Picasso, ou à Dali, Miro ou Buñuel, ou à des artistes plus jeunes ou des gens que j’ai connus comme Barcelo, qui sont connus en France. J’aime penser que je n’ai jamais appris le français mais que j’ai fait trois films en français et que j’ai beaucoup lu et que ça fait peu de temps que je le parle. Je vois que ni Picasso, ni Dali n’avaient étudié le français, mais qu’ils ont pourtant écrit des oeuvres littéraires dans cette langue. Ma relation est plutôt naturelle, spontanée, née de mon intérêt pour la culture française. Mon histoire avec la France a commencé avec mon premier film. Il est arrivé une histoire rocambolesque et drôle : des gens de Cannes étaient convoqués ici, au ministère, pour visionner les films que le ministère voulait leur montrer pour la sélection de Cannes. Et il se trouve que c’était un jour férié en Espagne, c’était en 2006 ou 2005 (janvier-décembre). Le format qui était utilisé était le 35mm, mais mon film n’était pas au format 35mm. Comme il n’y avait aucun employé, personne ne pouvait leur montrer les films. Et ils étaient là, en train de penser qu’ils n’allaient rien voir. A cette époque, il y avait des VHS et il se trouve que le seul à avoir un film en VHS, c’était moi. Et la dernière chose qu’ils auraient dû regarder, a finalement été la première. Et ils ont aimé. C’est ainsi qu’est née, en 2006, de manière rocambolesque, ma relation avec la France et à partir de là, j’ai commencé à me rendre en France. Je n’ai jamais vécu là-bas, mais j’y ai passé de longues périodes. A partir de mon second film, ce ne furent que des co-productions avec la France. Je me suis imprégné progressivement de la gestion culturelle. J’ai été président de la sélection de producteurs en Catalogne et j’ai fini par devenir un expert en gestin culturelle et spécialement en ce qui concerne l’audiovisuel et j’ai beaucoup appris. J’ai appris l’exemple d’un pays comme la France qui, avec une volonté politique, a fini par créer un système qui fait l’admiration de tout le monde. Concrètement, dans l’audiovisuel, où il y a cette prédominance ou cette pression si forte de tout l’imaginaire et le pouvoir économique des images qui viennent des Etats-Unis, avec les plateformes etc. Ils ont créé un système équivalent, qui est le seul a avoir opposé une résistance à l’imaginaire américain et avec succès. La France a le niveau d’affaires le plus élevé après les Etats-Unis, par exemple c’est le pays qui a le plus de salles par habitant après les Etats-Unis. Grâce à sa volonté politique, par l’intermédiaire des impôts, des taxes. Dans les années 50, ils ont créé un impôt direct sur les productions américaines après que l’industrie française, après la guerre, se soit retrouvée dans une situation de faiblesse et il y avait une importation forte de films américains. Et avec l’argent de ces taxes, qui ne touchaient pas aux impôts généraux des gens, on a pu garantir la diversité de ce cinéma qui est le plus divers du monde et qui co-produit tous les cinémas d’auteur du monde. La France a fini par devenir une puissance énorme. C’est un grand paradoxe. Par exemple, certains films espagnols ont plus de succès, avec 6 ou 7 millions de spectateurs, comme ce fut le cas de “8 apellidos vascos”. (...) L’industrie du cinéma français dépasse sans aucun doute celle des autres pays, exceptés les Etats-Unis. Ceci peut s’appliquer à tous les arts. Les écrivains en général n’ont pas autant de rayonnement que les écrivains français, la France est un grand exportateur de théâtre et de danse". Pour terminer, il a fait référence à "l’amour avec lequel la France traite les artistes étrangers. (...) C’est une chose que les artistes font naturellement mais la gestion politique en France l’a compris et promu. Tout passe par une admiration sincère pour tous les succès, quel que soit leur origine, et j’en suis un exemple. Pour toutes ces raisons, c’est un honneur de pouvoir collaborer dans la mesure du possible, que ce soit comme témoin ou comme image de la programmation française de cette année de l’ambassade de France en Espagne."

Le conseiller de Coopération et d’Action culturelle, directeur général de l’Institut français d’Espagne, Eric Tallon, a pris la parole, pour détailler les grands axes de la programmation de la saison culturelle.

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Éric Tallon, Consejero de Cooperación y de Acción Cultural de la Embajada de Francia en España, Director General del Institut français de España

Il a dit que la programmation avait été élaborée à partir de trois ambitions pour la relation franco-espagnole dans le domaine culturel : travailler ensemble, être créatifs, agir en tant qu’Européens. Il a rappelé que "ce sont les trois grands objetifs que nous avons décidé d’attribuer à "Scènes françaises’. Il a souligné les trois orientations pour cette année : "participer au débat d’idées en Espagne et au dynamisme de la scène intellectuelle espagnole ; approfondir notre coopération dans le domaine culturel ; promouvoir les valeurs que nous avons en commun."

"Cette année, nous présenterons les réflexions françaises contemporaines pendant la Nuit des Idées au Cercle des Beaux Arts, sur le thème de la résilience collective, avec des personnalités comme B. Stiegler et P. Claudel."

Pour faire davantage connaître les idées de la recherche française, "trois grandes conférences scientifiques seront organisées : une conférence sur le changement climatique le 22 mars, un cycle sur la transition énergétique et une conférence sur la ville du futur", a-t-il poursuivi. En ce qui concerne la manipulation de l’information, "nous accueillerons Richard Malka et Riss, comme nous avons accueilli Philippe Lançon. Ils se mobilisent tous pour parler de la liberté de la presse, essentielle dans la lutte contre les fausses nouvelles."

"Une année de plus, nous maintenons un haut niveau d’engagement pour la promotion du cinéma français, dans le but d’encourager les professionnels à continuer à travailler ensemble entre les deux pays et, en même temps, à présenter le meilleur de la production cinématographique française au public espagnol", a-t-il poursuivi. "Notre festival "La France à l’écran" se tiendra en juin à Madrid et à Séville ; la France sera également l’invitée d’honneur de la "Madrid game week", un secteur stratégique de coopération." "Nous aurons des représentations de la Horde/ballet national de Marseille et du ballet national de Lyon ; les œuvres de Rachid Ouramdane, François Chaignaud, Yoann Bourgeois, Pascal Rambert seront jouées sur plusieurs scènes du pays ; le guitariste Thibaut Garcia et l’Ensemble Correspondances se produiront dans plusieurs villes ; enfin, la Fête de la musique sera organisée dans plusieurs instituts français. De même, avec la designer Camille Walala, nous participerons au festival d’architecture et d’urbanisme dynamique Concéntrico, qui se tiendra à Logroño fin avril."

En outre, nous présenterons plusieurs expositions dans toute l’Espagne : nous participerons à nouveau au projet Canal connect aux Théâtres du Canal ; une exposition sur Sade au Cercle des Beaux Arts ; une exposition sur la vie secrète des micro-algues au Centre del Carme de Valence ; et il y aura également une nouvelle édition du concours de photographie Portavoz, destiné aux écoliers," a-t-il déclaré.

Quant à la littérature, nous serons présents au festival Capitulo Uno, à la Feria del Libro de Madrid, au Hay Festival... Jean-Marie Le Clézio, Amélie Nothomb, Edouard Louis, Pierre Assouline, Leila Slimani sont autant de noms que nous accueillerons tout au long de l’année... Nous présenterons également le résultat du prix Goncourt, le choix de l’Espagne, le 28 mars à Madrid, fruit du travail mené par cette ambassade avec six universités."

"Naturellement, la célébration de Picasso sera centrale en 2023. L’Institut français d’Espagne, au-delà du programme adopté par la Commission bilatérale, a décidé de participer à cette commémoration avec l’Ecole du Louvre en proposant un cycle de conférences démontrant à quel point Picasso continue d’inspirer la création contemporaine. Nous soutiendrons également l’exposition "Orlan, Portraits de femmes de Picasso" en juin dans le cadre de PHotoESPAÑA", a-t-il conclu.

Dans une réflexion sur le respect de l’égalité des sexes et la lutte contre les discriminations dans le domaine culturel, il a également évoqué l’événement Women in the spotlight 2, organisé cette année en collaboration avec les festivals de plusieurs villes espagnoles (Ellas crean à Madrid par exemple) et qui portera sur la place des femmes dans l’industrie cinématographique et audiovisuelle. "Nous aurons également des actions en faveur du respect des personnes LGTBQUI+, je pense à l’événement que nous organiserons pendant le festival Pride avec DJ Barbara Butch", a-t-il poursuivi.

Enfin, il a indiqué que la saison culturelle serait aussi une réflexion sur le sport comme vecteur de valeurs. "Tout d’abord, lors de la rencontre des étudiants du Label FrancEducation qui se réuniront à Madrid du 13 au 15 mars, une série d’activités sera organisée autour du thème du sport et des valeurs éducatives qu’il véhicule. Ensuite, grâce au label de l’ambassade de France, Terre de jeux, nous organiserons également un débat sur le sport adapté, ainsi qu’un débat sur la science au service du sport. Enfin, nous serons associés au French Game World Tour, qui fait étape en Espagne.

La Saison culturelle est rendue possible grâce à tous les partenaires qui collaborent avec l’ambassade de France en Espagne et les grandes institutions françaises tout au long de l’année, et grâce aux mécènes qui s’engagent pour la culture et dont le soutien est déterminant : Carrefour, Enagas, Orange, Air France, Chrystal Finance, BNP, Speedpark, Emerige.


- Découvrez le trailer de "Scènes françaises 2023 en cliquant ici.
- Téléchargez les photos de la cérémonie de présentation en cliquant ici (Mención "cortesía del Institut français de España")
- Revoir la présentation de Scènes françaises en cliquant ici

Dernière modification le 18/01/2024

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