Fin de la présidence française de l’Union européenne : réunion de travail des ambassadeurs européens avec le secrétaire d’Etat pour l’Union européenne, Pascual Ignacio Navarro Ríos (14 juin 2022) [es]
A quelques jours de la fin de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, le 30 juin prochain, l’ambassadeur de France en Espagne, Jean-Michel Casa, a organisé à la Résidence de France à Madrid, le 14 juin 2022, une rencontre des ambassadeurs des Etats membres de l’Union européenne en Espagne en présence du secrétaire d’Etat espagnol pour l’Union européenne, Pascual Ignacio Navarro Ríos. Cette rencontre était notamment l’occasion de dresser un bilan des avancées réalisées ces six derniers mois, avant que le relai ne soit passé à la République tchèque, le 1er juillet.
Dans un contexte dominé par "le retour du tragique en Europe" et une agression russe contre l’Ukraine, ce semestre a marqué « un véritable changement d’époque pour le projet européen ». Tant le secrétaire d’Etat que l’ambassadeur ont salué la remarquable unité dont les Européens ont su faire preuve, et la fermeté de la réponse qu’ils ont apportée, tant dans leur soutien à l’Ukraine que dans l’adoption de sanctions inédites contre la Russie, inédites dans leur ampleur.
Malgré un contexte de crise bouleversant profondément l’ordre des priorités que s’était fixées la France pour le semestre, l’ambassadeur de France s’est félicité que "l’agenda législatif ait pu poursuivre son cours", donnant à voir "une démocratie européenne éprouvée, une Europe puissante parce que restant dans son axe, sûre de ses bases et continuant à opérer des choix sur les sujets qui comptent". Cette résilience n’était pas tant à mettre au bilan de la présidence française que de « notre unité et du travail que nous avons su faire collectivement".
Parmi les avancées de ces derniers mois, il a notamment a rappelé l’adoption de la boussole stratégique, un texte essentiel posant les fondements de l’autonomie stratégique européenne, mais aussi l’accord trouvé en mars sur le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, permettant d’éviter ce que l’on appelle les « fuites de carbone » et l’accord trouvé sur l’instrument de réciprocité sur l’accès aux marchés publics, autant de textes qui marquent l’affirmation d’« une Europe de souveraineté, moins naïve face à ses compétiteurs ». Rappelant que l’Europe « placera toujours l’humain en son centre », il est également revenu sur des textes essentiels pour la protection des Européens : la directive sur les salaires minimums adéquats, les règlements DMA et DSA qui encadrent les activités des géants du numérique sur le continent européen et offrent un espace de protection unique au monde pour les usagers du net, et la directive sur la transparence salariale, un texte important pour garantir l’égalité entre femmes et hommes dans le monde du travail.
Quelques jours après le conseil Justice et affaires intérieures, tant le secrétaire d’Etat que l’ambassadeur ont pu se féliciter des avancées importantes dans les discussions relatives à la maîtrise de nos frontières extérieures. Pascual Navarro Rios a néanmoins appelé à la nécessité de traduire les intentions en actes, notamment sur le plan de la solidarité entre les pays dits de première entrée et le reste de l’Union européenne.
Face à ce bilan qui était le résultat d’une travail collectif, « il y a plus que jamais lieu d’être fiers d’être Européens et de ce que nous sommes capables de réaliser quand nous sommes unis" a conclu l’ambassadeur.
Des défis majeurs restaient à surmonter pour ces derniers jours de présidence et celles à venir : A quelques jours du sommet de l’OTAN de Madrid, le défi était celui de la complémentarité à trouver entre une défense européenne plus affirmée et une OTAN dotée d’un nouveau concept stratégique. L’autre défi était celui de la réduction de nos dépendances, supposant une diversification de approvisionnements énergétiques, un effort accéléré dans le domaine des renouvelables, et des efforts de réindustrialisation soutenus par des investissements massifs, autant de choix qui sont à la fois « des choix à la fois de souveraineté, pour ne plus dépendre de nos partenaires, et de responsabilité climatique, pour bâtir notre chemin vers la neutralité carbone » selon les mots de l’ambassadeur. Pour Pascual Navarro Rios, cela posait la question de la révision du pacte de stabilité et de croissance, dans un sens permettant de conjuguer l’assainissement des finances publiques et la préparation de la croissance de demain. L’enjeu était désormais de définir les investissements stratégiques qui ne seraient pas comptabilisés comme dette publique.
A quelques mois de la présidence espagnole du conseil de l’Union européenne, au second semestre 2023, le secrétaire d’Etat a esquissé quelques unes des priorités qui seront portées par l’Espagne : priorité donnée à l’intégration de l’espace atlantique et méditerranéen, suivi des conclusions de la conférence sur l’avenir de l’Europe, incluant notamment plus de démocratie et de proximité dans le fonctionnement des institutions, préparation de l’adhésion des candidats à l’UE, approfondissement de l’Europe sociale, avec notamment la définition d’un cadre de droits pour travailleurs des plateformes numériques, entre autres, et une forte attention accordée au caractère socialement juste de la transition écologique actuellement en cours.
Cette rencontre était la dernière d’une série d’échanges organisés avec des membres du gouvernement espagnol, afin d’échanger sur les priorités européennes de l’Espagne. Les ambassadeurs ont ainsi échangé avec le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, José Manuel Albares, Nadia Calviño, première vice-présidente du gouvernement, ministre des Affaires économiques et de la transformation numérique, mais aussi Fernando Grande-Marlaska, ministre de l’intérieur, et la ministre de la Défense, Margarita Robles, avec la troisième vice-présidente et ministre de la Transition écologique et du défi démographique, Teresa Ribera, avec le ministre de l’Inclusion, de la Sécurité sociale et des migrations, José Luis Escrivá.
Elle s’est conclue par une passation symbolique de la présidence locale du conseil de l’Union européenne à l’ambassadeur de la République tchèque, qui lancera officiellement ses activités locales le 6 juillet avec la traditionnelle cérémonie de levée du drapeau.