Commémoration de l’armistice du 8 mai 1945 [es]
Message de l’ambassadeur de France en Espagne, 8 mai 2021
Cette année encore, nous ne pouvons pas nous réunir autour des drapeaux pour célébrer la fin de la Seconde Guerre mondiale. A nouveau, nous rendons hommage depuis nos foyers, sans possibilité de manifester physiquement le lien de notre nation, à toutes les femmes et tous les hommes qui ont combattu, qui ont résisté ainsi qu’à celles et ceux qui ont été déportés. Dans ce contexte sanitaire encore très incertain, j’ai demandé que les cérémonies commémoratives, à Madrid et à Barcelone, se déroulent sans public, de la manière la plus digne et sobre possible.
En rendant hommage aux Français libres qui n’ont jamais cessé le combat, aux résistants de l’intérieur qui ont héroïquement rejoint la lutte, aux soldats d’Outre-mer, de nos armées d’Afrique et du Proche Orient, nous célébrons ceux qui nous ont permis de construire, aux lendemains de la guerre, un continent de paix et de prospérité. C’est donc un symbole fort que le 8 mai, journée du souvenir, précède la célébration de l’Europe, le 9 mai. Cet enchainement a été voulu par Robert Schuman, qui choisit un 9 mai, en 1950, pour prononcer sa déclaration historique du salon de l’horloge, fondement de l’Union européenne.
L’Espagne n’a pu rejoindre le projet européen que dans les années 1980. Cependant, la participation de nombreux Républicains espagnols à la résistance française lui donne toute sa place dans ces doubles célébrations des 8 et 9 mai. Le choix du gouvernement espagnol de faire mémoire, en ce 8 mai, de tous les exilés, qui ont fui la dictature franquiste, a une signification profondément européenne.
J’ai voulu qu’un hommage particulier soit rendu aux héros de la Nueve, cette compagnie incorporée à la deuxième division blindée du général Leclerc, composée en grande partie d’exilés espagnols, qui furent parmi les premiers à libérer Paris en août 1944. Je salue, à cet égard, la présence de Mme Magali Peiro Sanchez, petite-fille du sergent Alfonso Sanchez Escudero, qui est entré le 24 août 1944 dans Paris avec le capitaine Raymond Dronne, à la tête de la Nueve. A travers le courageux engagement de ces hommes, l’Espagne républicaine, comme la France résistante, ont contribué à la victoire sur le nazisme. Mme Peiro Sanchez maintient vivant le souvenir de la Nueve en France et en Espagne. Je lui en suis très reconnaissant.
Le Président de la République a affirmé à Montauban, lors du Sommet franco-espagnol, le 15 mars dernier : « l’appartenance commune à l’Europe, ce destin qui nous lie, […] est le socle de notre amitié ». L’Europe est donc l’horizon mais aussi le fondement de la relation entre la France et l’Espagne. En renforçant les liens qui unissent nos deux nations, nous apportons de nouvelles pierres à l’édifice européen.
Alors que les incertitudes sanitaires, économiques ou encore sécuritaires, minent la confiance en l’avenir et nourrissent les peurs, souvenons-nous que ce qui a permis de redresser nos nations, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, c’est le projet européen. Les voix de la France et de l’Espagne sont, j’en suis convaincu, particulièrement attendues. Le projet européen est le seul à nous donner les moyens d’affronter les grands défis écologiques, géopolitiques, démocratiques du XXIème siècle.
Vive la France !
¡Viva España !
Vive l’Europe unie !
Cérémonie présidée par le Ministre-Conseiller, M. Gautier Lekens, au Consulat général de France à Madrid.